SÉNÉGAL : Macky Sall vs Sonko

SÉNÉGAL : Macky Sall vs Sonko

Depuis sa radiation de la fonction publique à son inculpation et placement sous contrôle judiciaire. À la suite d’une plainte d’une jeune masseuse d’un salon de beauté. Pour viols et menaces de mort, Ousmane Sonko est le plus virulent opposant politique du président Macky Sall.

Le duel politique entre Macky Sall et Ousmane Sonko est mortel. Ce « mortal kombat » a fait 13 morts et près de 600 blessés. Macky Sall avait fait un engagement solennel. À l’entame de son premier mandat, de « réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Désormais, le président de l’Alliance Pour la République (APR) se heurte à Ousmane Sonko, le chouchou de la jeunesse sénégalaise, qui incarne l’antisystème.

Soupçon d’intimidation

Macky Sall et les tenants du pouvoir voyaient dans cette affaire de viols répétés. Et de menaces de mort, une opportunité de liquider leur principal adversaire politique. L’affaire privée opposant Adji Rabi Sarr, la masseuse la plus populaire du Sénégal, et Ousmane Sonko, le héros de la jeunesse, devient une affaire d’État. Avec une justice qui semble être instrumentalisée. Les lieutenants de Macky Sall défilent dans les médias pour défendre la cause du plaignant, politisant ainsi l’affaire.

L’approche machiavélique du régime de Macky Sall a permis d’écarter deux personnalités importantes de l’opposition. Karim Wade et Khalifa Sall lors de la présidentielle de 2019.

Depuis 2012, Macky Sall et ses collaborateurs sont accusés de manipuler la justice et les institutions. Pour résoudre des problèmes politiques. La justice est décriée par les Sénégalais. En effet, en 2018, le juge Ibrahima Déme a justifié sa démission de la magistrature en déclarant : « j’ai démissionné d’une justice qui a démissionné ».

Le soulèvement du peuple

Lassé, agacé par les injustices et les pratiques autoritaires du régime de Macky Sall: Le recul de la démocratie et des libertés et la crise économique ont fini par pousser le peuple dans la rue.

Ces milliers de jeunes, en s’immisçant dans l’arène politique, ont arbitrés le combat entre le pouvoir de Macky Sall et l’opposant antisystème Ousmane Sonko. Naturellement, les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. En conséquence, ils soutiennent les opprimés et les persécutés comme Ousmane Sonko et ses partisans.

En 2009, Macky Sall a obtenu un soutien populaire dans une affaire de blanchiment d’argent. Cet élan de solidarité lui a permis de remporter l’élection présidentielle de 2012.

Dès le début de cette affaire de viols, le leader du Pastef-Les Patriotes a fait preuve de courage politique. Ousmane Sonko a défié ouvertement Macky Sall en soutenant que cette affaire est une conspiration politique orchestrée par Macky Sall. Le leader de l’opposition invoque alors « son droit constitutionnel de résistance à l’oppression » et appelle à la résistance.

Qui à remporter le duel ?

Dans ce « mortal kombat », Ousmane Sonko a perdu des plumes, mais le leader du Pastef-Les Patriotes a gagné l’estime de toute une jeunesse. Quant à Macky Sall, il s’est sali les mains, a perdu l’attention de la plupart des jeunes et a plongé le Sénégal dans une longue nuit trouble.

De l’arrestation d’Ousmane Sonko pour troubles à l’ordre public, le 03 mars 2021. À son inculpation, sa libération et son placement sous contrôle judiciaire, pour viols répétés et menaces de mort. Le 08 mars 2021, la confusion est à son comble. Le Sénégal s’embrase pour soutenir Ousmane Sonko le leader incontestable de l’opposition.

Cette période est celle où Macky Sall a perdu le Sénégal. Des milliers de jeunes déferlent leur colère dans les rues de Dakar, Ziguinchor, Bignona, Saint-Louis, Thiès, Diaobé et d’autres localités du pays même des villes religieuses sont touchées sous le regard des forces de l’ordre dépassés par les évènements.

Une escalade de violence frappe le pays considéré comme un « pôle de stabilité » au cœur d’un sahel agité. Des scènes de pillages et de saccages font le tour du monde. Des enseignes françaises telles qu’Auchan, Carrefour, Eiffage et Total sont la cible des manifestants car ils dénoncent également le néocolonialisme. Cette colère populaire interpelle directement le président Macky Sall.

En somme, depuis le 08 mars 2021, Ousmane Sonko est inculpé, mais libéré et placé sous contrôle judiciaire tandis que Macky Sall est placé sous contrôle populaire jusqu’à 2024.

Diabel SOW, géographe, analyste géopolitique spécialisé en territoires et enjeux de pouvoir

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