LA PLACE DE LA RELIGION DANS LA POLITIQUE IVOIRIENNE

LA PLACE DE LA RELIGION DANS LA POLITIQUE IVOIRIENNE

La religion en Côte d’Ivoire est caractérisée par une très grande diversité des pratiques. D’après le recensement de 2021, les religions les plus pratiquées en Côte d’Ivoire sont le Christianisme et l’islam. L’animisme (religions traditionnelles africaines), qui maintient une influence assez forte sur toutes les autres croyances, représente 3,6 % de la population. En marge de ces grands courants, 19,1% des habitants n’ont pas de religion. Ils sont, en réalité, fortement marqués par des valeurs européano-(franco)-chrétiennes, en partie déconfessionnalisées.

La Côte d’Ivoire est un pays membre de l’Organisation de la coopération islamique et détient la plus grande église au monde : La Basilique Notre Dame de la paix de Yamoussoukro, figure emblématique du pays construite par le premier président Félix Houphouet Boigny. C’est un pays pluriconfessionnel constitué de musulmans, de chrétiens et une proportion non négligeable d’animistes.

A la fin du 19e siècle, la présence de l’islam était limitée au nord soudano-sahélien, alors majoritairement animiste. L’économie de plantation coloniale favorisa le développement du sud forestier et un mouvement pérenne de migration nord-sud. De nos jours, 75% des musulmans résident dans le sud, contre 25% dans le nord. L’image d’une Côte d’Ivoire divisée entre un sud chrétien et animiste et un nord musulman est un raccourci fallacieux.

L’approche œcuménique promue par le père de la nation Félix Houphouët-Boigny, qui avait de la laïcité constitutionnelle, une conception philo-cléricale, plus proche du modèle anglo-saxon que du modèle français.

La mort d’Houphouët fin 1993 et l’exacerbation de la crise économique ont sonné le glas d’une Côte d’Ivoire qui aspirait au développement dans une certaine tolérance et hospitalité, et dans laquelle les musulmans, y compris les migrants de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) étaient relativement intégrés.

La lutte politique féroce des successeurs d’Houphouët a produit l’idéologie de préférence nationale dite de l’ivoirité.

Les violences se sont amplifiées avec l’élection de Laurent Gbagbo en octobre 2000. Le 19 septembre 2002, des mutins originaires du nord ivoirien majoritairement musulmans et soutenus par le Burkina Faso tentèrent un coup d’Etat contre le régime en place. Il s’en suivi 8 années de division de la Côte d’Ivoire entre un sud pro-gouvernemental resté sous contrôle du président Gbagbo ( converti au pentecôtisme avec son épouse en 1998, et un nord rebelle passé dans le giron des Forces nouvelles dirigées par Guillaume Soro (catholique Sénoufo).

Les violences ressurgirent avec force après la contestation de la présidentielle de 2010 entre Laurent Gbagbo et Allassane Ouattara ( musulman ).

Tout laisse à croire que les plus belliqueux des proches de ces deux personnalités politiques voulaient faire basculer le conflit politico-électoral dans la guerre religieuse.

ZOOM SUR LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE 

Longtemps les musulmans de la savane ivoirienne furent plus préoccupés de commerce que de politique, s’accommodant des autorités « infidèles », refusant le djihad par l’épée pour mieux se consacrer à l’éducation coranique et aux pratiques de piété. Les élites musulmanes d’aujourd’hui revendiquent cet héritage d’un islam de paix, aux antipodes d’un islam de conquête hégémonique, qui aurait pratiqué ce qu’elles caractérisent comme une forme de laïcité avant la lettre.

Mamadou Ben

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