Le sujet de notre analyse d’aujourd’hui est les Bafingas, qui sont-ils ? Avant de poursuivre notre analyse, un bref rappel historique n’est pas inutile. Cette histoire a débuté dans le Manden ou Le Mali antique. Le mot Manden est un mot en deux : un radical ou racine Men la mère et Den l’enfant. Ici, il s’agit de Manden l’enfant de la mère, autrement dit l’enfant de la mère qui est la terre. On a alors Mandingue l’enfant de cette mère-terre qui est l’espace où vivent ces enfants. Cet espace peut être aussi appelé Mali dont les enfants pourraient être appelés Malikas appellation qui a probablement donné Malinkes.
Quoi qu’il en soit, il n’y avait pas que les seuls Malinkes à peupler cet espace. Il y avait aussi des Dogons, des Peulhs, des Sonienkes ou Marakas, etc. De tous ces groupes de populations, les Malinkes ont essaimé pratiquement toute l’Afrique de l’Ouest. Les Bafingas appartiennent à ce groupe. Bien que subsistent encore des liens entre ces autres Malinkes et le Manden ou ancien Empire du Mali, ils ne sont pas du Mali en tant que république, un Etat moderne comme le sont d’autres.
Après ce bref rappel historique, attaquons le sujet de notre analyse qui est les Bafingas. C’est un groupe de Malinkes qui occupent le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. À présent, ils sont à leur troisième appellation. Comme toujours dans pareille configuration, on adopte une attitude métonymique, on désigne le tout par une partie. Au tout début, on disait Touba pour désigner tout le département, bien sûr Touba était et est toujours la capitale du département. On appelait les ressortissants les Toubakas.
Une nouvelle appellation a vu le jour : le Mahou ; du coup s’est installée une confusion, on a confondu l’espace Mahou avec l’homme qui l’habitait qu’on appelait aussi Mahou. Par miracle, on est venu à une vraie raison linguistique pour appeler l’homme qui habite l’espace Mahou le Mahouka. Même avec la nouvelle appellation Mahouka, on est toujours dans la métonymie. Les occupants de cet espace ne sont pas tous Mahouka. A l’est du département par exemple vivent les Teningas et Touras, au nord les Baralakas, à l’ouest vivent certains Yacouba qu’on trouve aussi dans le centre du département désigné affectueusement sous le vocable Youanigbe ou Kla. En fait, les Mahouka n’occupent dans cet espace que du sud au centre. Et comme par enchantement, on appelle tout ça Bafing et les ressortissants les Bafingas même si cela ne reflète pas toute la physionomie de cet espace.
Il y a deux fleuves qui constituent les frontières avec le Tonkpi c’est le fleuve Bafing, le fleuve Sassandra, la frontière avec le Horodougou et un troisième fleuve, la Feredougouba qui ferme l’espace Mahou. Je pense qu’il serait judicieux de trouver une nouvelle appellation qui inclurait toutes les parties pour désigner le tout et non une partie comme ça l’est actuellement. Je propose qu’on fasse comme l’ont fait à une époque donnée des étudiants ressortissants du département. Ils avaient fondé une association baptisée MYZAS : M pour tous les noms et prénoms commençant par M ; exemple : Moussa, Mamadou ; Y pour Yacouba ; Z pour Zobila ; A pour Amara ; S pour Soumahoro. On pourrait appliquer cela à la situation actuelle de cette partie. Ce qui donnerait par exemple : M =Mahouka ; Y = Yacouba ; T= Teningas et Touras ; B = Baralakas ce qui donnera : MYTTBA. Les ressortissants seront les myttbakas, département du MYTTBA. En fait, il s’agit de deux groupes de populations dont vraisemblablement les Yacouba et Toura sont les premiers occupants de cet espace.
Ils sont rejoints ensuite, par des Malinke vénus du Manden qui n’est ni le Mali, ni la Guinée actuelle. Notre groupe ici faisait partie de ceux qui constituaient sans doute l’ancien Manden ou l’ancien Empire du Mali qui couvrait probablement la grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Il y a une question qui me turlupine, c’est celle qui fait que l’homme du Bafing ou MYTTBA ait accès à la compréhension du parler des autres composantes du Malinke alors que la réciproque n’existe pas ? Je pense être parvenu à trouver une réponse, mais qui n’engage que moi. Soit la langue des Bafingas est le radical du Malinke, du moins une partie de la racine de la langue Malinke antique ; sinon comment expliquer cette compréhension du parler de ces autres composantes du monde malinke par les Bafingas ?
Auteur de l’article : Monsieur Ngouamoué DIABATE