La Chambre africaine de l’énergie soutient fermement le projet de la Commission européenne d’intensifier la coopération avec l’Afrique dans le domaine du gaz. Toutefois, cela devrait aider l’Afrique à développer la production, le développement des infrastructures et l’exploitation du gaz pour lutter contre la pauvreté énergétique intérieure.
L’Union européenne (UE) va de l’avant avec des plans visant à améliorer les chaînes d’approvisionnement Afrique-UE. À la suite de la crise entre la Russie et l’Ukraine et des perturbations de l’approvisionnement, l’Union a mis l’accent sur la viabilité des réserves africaines pour répondre à la demande européenne. Une série d’accords signés entre l’Europe et les gouvernements africains et les compagnies pétrolières nationales (CPN) témoignent de l’intérêt accru de l’Europe pour le renforcement des relations énergétiques avec l’Afrique. Malgré la position de l’Afrique en tant que partenaire idéal pour l’UE, le continent a besoin de ses ressources en gaz au niveau national avant de pouvoir les utiliser au niveau international. C’est pourquoi un partenariat mutuellement bénéfique est nécessaire, un partenariat dans lequel les pays membres de l’UE augmentent leurs investissements dans le gaz africain.
Les accords UE-Afrique élargissent les chaînes d’approvisionnement
Le 11 avril 2022, Eni a signé un accord avec la société algérienne Sonatrach, en vertu duquel les deux sociétés renforceront leur coopération en matière de développement gazier tout en tirant parti du gazoduc TransMed/Enrico Mattei pour exporter jusqu’à neuf milliards de mètres cubes (mmc) de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe. De même, le 13 avril 2022, Eni a également signé un accord avec l’EGAS égyptienne pour que les deux entreprises mènent conjointement des activités d’exploration afin d’augmenter les réserves de gaz du pays dans les blocs existants tout en ciblant de nouvelles zones dans les régions du delta du Nil, de la Méditerranée orientale et du désert occidental. L’accord permettra de plus à l’Égypte de porter ses exportations de gaz vers l’Europe à trois milliards de m3 de GNL à partir de 2022. Parallèlement, en Angola, une déclaration d’intention pour une coopération accrue en matière d’exploration, de production et de commerce du gaz a également été signée à la mi-avril 2022, entre Joao Lourenco, président de l’Angola, et Claudio Descalzi, PDG d’Eni.
Parallèlement, soutenus par d’importantes ressources gazières, les marchés émergents du continent ont aussi été identifiés comme des partenaires potentiels pour l’UE. Des pays comme la Mauritanie, le Sénégal, le Ghana, le Mozambique, la Guinée équatoriale et la Tanzanie pourraient accéder aux marchés internationaux en augmentant leurs exportations de GNL dès que des projets de grande envergure seront mis en œuvre. Des projets tels que le GNL flottant (FLNG) Coral de 3,4 millions de tonnes par an (mtpa) au Mozambique, le FLNG Fortuna de 2,5 mtpa en Guinée équatoriale et la plateforme GNL Yakaar-Teranga de 10 mtpa au Sénégal seront essentiels pour répondre à la demande régionale et internationale.
Alors que la Commission européenne devrait donner le coup d’envoi des communications officielles avec les pays producteurs de gaz d’Afrique et d’autres régions à la fin du mois de mai 2022, dans le cadre des efforts déployés pour accroître les importations d’énergie de 50 milliards de m3 de GNL et de 10 milliards de m3 de gaz par gazoduc afin de réduire de deux tiers la dépendance à l’égard de l’énergie russe d’ici à la fin de 2022, l’Afrique, avec ses vastes ressources gazières, est bien placée pour devenir le principal fournisseur de l’Europe.
Un partenariat mutuellement bénéfique avant tout
Toutefois, malgré le potentiel du gaz africain pour répondre à la demande de l’UE, le continent doit d’abord donner la priorité à l’utilisation domestique. Avec plus de 600 millions de personnes n’ayant pas accès à l’électricité, l’expansion du commerce régional du gaz sera essentielle pour relancer la croissance socio-économique et l’accès à l’énergie. En conséquence, la Chambre africaine de l’énergie (CAE), en tant que porte-parole du secteur africain de l’énergie, soutient le projet de la Commission européenne de s’engager dans une coopération accrue avec les pays africains, mais recommande vivement à l’Afrique de donner la priorité à la satisfaction de ses propres besoins énergétiques.
À cet égard, l’AEC appelle à une coopération accrue entre l’Europe et l’Afrique pour développer un marché africain du gaz, en augmentant les investissements destinés à l’Afrique sur l’ensemble de la chaîne de valeur du gaz. Des projets tels que le projet Mozambique LNG de 12,8 mtpa mené par TotalEnergies, le projet BirAllah de 13 trillions de pieds cubes en Mauritanie et le gazoduc transsaharien de 13 milliards de dollars doivent être accélérés, avec une amélioration de l’aide financière et technique de l’Europe, car ils joueront un rôle vital en permettant à l’Afrique d’exploiter ses 620 trillions de pieds cubes de réserves de gaz pour mettre fin à la pauvreté énergétique.