La crise alimentaire qui touche l’Afrique de l’Ouest nécessite à la fois des politiques publiques efficaces et la poursuite d’investissements conséquents.Le groupe AFD contribue aux dialogues de politique publique et finance des projets favorisant notamment la disponibilité des denrées alimentaires, l’accès à l’alimentation, la production agricole durable.
Près de 43 millions de personnes font face à l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest en 2023, un quadruplement depuis dix ans. Pour la première fois au Sahel depuis les années 1970, 45 000 personnes connaissent des niveaux de faim catastrophiques pouvant conduire à la famine. La situation pourrait encore s’aggraver dans les années à venir, essentiellement pour des difficultés d’accès aux denrées liées au contexte sécuritaire.
Ainsi, au-delà de la nécessaire assistance aux personnes en situation de crise alimentaire aiguë par les acteurs humanitaires, il convient de s’attaquer aux causes structurelles de l’insécurité alimentaire. La crise de 2008 avait constitué un électrochoc et entraîné une mobilisation internationale en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. De son côté, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a adopté en 2012 une stratégie régionale de stockage alimentaire, basée sur la complémentarité entre les dispositifs de réponse et la solidarité régionale. La situation actuelle exige une remobilisation sur ce sujet car, même si la production a régulièrement augmenté ces dernières années, la croissance démographique, la dégradation des sols et les différents chocs (climatique, Covid-19, guerre en Ukraine, inflation) nuisent à la sécurité alimentaire dans la région.
La notion de sécurité alimentaire et nutritionnelle repose sur quatre piliers : la disponibilité des denrées alimentaires, l’accès à l’alimentation, la stabilité dans le temps de ces deux facteurs et l’usage des consommateurs finaux. Dans le cadre de son mandat de développement, le groupe AFD, à travers les projets qu’il soutient en appui aux gouvernements et aux organisations régionales, et en concertation avec l’ensemble des partenaires techniques et financiers, intervient sur l’ensemble de ces axes et contribue à la réflexion stratégique sur l’évolution des systèmes alimentaires et au dialogue de politique publique dans ce domaine.
Comment le groupe AFD agit-il concrètement en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest ? Illustration à travers une sélection de cinq projets :
*Appuyer le mécanisme de stockage de sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest face à la croissance exponentielle des besoins humanitaires au cours des dernières années, le système d’aide internationale est de plus en plus sollicité et n’est plus en capacité de répondre à l’ensemble des besoins. Un consensus s’est progressivement imposé au sein de la Cedeao quant à l’urgence de doter la région d’une plus grande autonomie dans la réponse aux crises alimentaires.Une stratégie régionale de stockage a donc été adoptée en 2012, combinant les stocks de proximité des villageois, les stocks nationaux de sécurité et la mise en place d’une Réserve régionale de sécurité alimentaire (RRSA), permettant de faire appel à la solidarité régionale en cas de crise alimentaire majeure.
*À travers le projet d’appui au stockage alimentaire, l’AFD accompagne la Cedeao dans la mise en œuvre de cette stratégie, qui vise à renforcer la capacité de l’Afrique de l’Ouest à gérer les crises alimentaires, nutritionnelles et pastorales.
*Améliorer la sécurité alimentaire par la relance de l’agriculture irriguée en Mauritanie.En Mauritanie, le projet Asarigg vise à améliorer la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables, la restauration de l’environnement, la réduction des risques de conflits fonciers et le renforcement de la cohésion sociale dans six bassins-versants (régions du Gorgol et du Guidimakha). Le projet comporte un volet d’actions rapides confié à un groupement d’ONG françaises et mauritaniennes (GRDR, Gret, Tenmya) et vise plus particulièrement à améliorer la productivité des terres, les services d’appui à l’agriculture irriguée et les capacités des acteurs intervenant dans la filière. À ce jour, près de 1 000 hectares de terres ont été réhabilités ou aménagés et plus de 500 femmes maraîchères ont été accompagnées.
*Soutenir la production d’aliments nutritionnels fortifiés :Proparco, filiale de l’AFD dédiée au secteur privé, soutient l’entreprise Nutriset qui produit la Plumpy’Nut, pâte nutritive à base de lait en poudre, d’arachides, d’huiles végétales et de sucre. Créée en 1996, cette pâte a révolutionné la prise en charge de la malnutrition.
*Appuyer la sécurité alimentaire, la nutrition et la consolidation de la paix dans les provinces du lac Tchad. Afin de contribuer à l’accélération de la mise en œuvre de l’initiative de la Grande muraille verte. Un des projets sélectionnés est porté par CCFD-Terre solidaire. L’objectif global de ce projet est d’améliorer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations des provinces du Chari Baguirmi, d’ Hadjer-Lamis et du Lac, tout en renforçant la prévention et la résolution des conflits liés à la concurrence pour l’accès aux ressources naturelles.
*Soutenir les cantines scolaires en circuit court au Sénégal : le groupe AFD accompagne des cantines scolaires dans 47 écoles de neuf départements au Sénégal. En fournissant des repas à près de 9000 enfants, l’objectif est d’améliorer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, et donc leurs conditions d’apprentissage.
Mamadou Ben
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