L’ÉCONOMIE ILLICITE ET LES CONFLITS : Comment l’économie parallèle soutient les groupes armés

Le lien entre les économies illicites et les conflts fait partie intégrante de la politique internationale depuis un certain temps. Du commerce du diamant à la Sierra Leone au commerce de l’héroïne en Afghanistan, on a pu observer que les économies illicites finançaient les insurrections et les acteurs politiques, et contribuaient aux conflits en cours.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies est engagé dans un débat récurrent au sujet des liens qui unissent la criminalité organisée transnationale et le terrorisme: sa résolution la plus récente à ce sujet, la Résoution2482 a été adoptée en juillet 2019. Le Globa Organized Crime Index (indice mondial du crime organisé)2021 de la GITOC montre que parmi les dix pays ayant le score le plus élevé en matière de criminalité c’est-à-dire les pays où les marchés criminels sont les plus présents et les acteurs criminels les plus influents, une écrasante majorité sont en proie à des conflits ou marqués par une certaine fragilité.

Les dynamiques entre économies illicites et conflits dépendent toutefois du type de conflit. Il existe un large spectre de conflits modernes, de la guerre informatique aux guerres civiles en passant par les insurrections locales au sein d’un pays donné, et chacune de ces formes de conflit entretient une relation spécifique avec les économies et les acteurs illicites.Parfois, ces liens sont sans équivoque, comme dans le cas du financement illicite de groupes armés ou de groupes désgnés comme terroristes. Dans d’autres cas, les liens sont décrits comme de possibles connexions, plutôt que comme des relations directes, ce qui complique la compréhension du conflit et de la criminaité, ansi que des choix poitiques qui s’y rapportent. Ce rapport se penche sur trois études de cas à différents stades du conflit armé afin dévaluer la relation dynamique entre les réseaux criminels, les économies illicites et les acteurs et conditions du conflit. Ces trois études de cas offrent chacune des perspectives uniques en termes de durée, de dimension de la zone de conflit et de stade du conflit:

*Insurrection armée dans le nord du Mozambique: Le nord du Mozambique est en proie à une insurrection locale à petite échelle en opposition à l’État, dont l’impact au niveau local est significatif et notamment marqué par des morts, des déplacements de popuations, des occupations territoriales et une conscription forcée. L’insurrection en est à un stade précoce (3 à 4ans), mais elle prend de l’ampeur depuis 2020.

*Groupes armés en Libye et au Mali: Après des conflits en Libye et au Mali, la région du Sahel offre une perspective sur une période de dix ans. La Libye a joué un rôle de déclencheur sur l’ensembe de la région, la guerre civie en Lbye (2011) ayant eu un effet de débordement régional, le plus directement dans un premier temps dans le nord du Mali (2012), mais avec un impact plus large qui a affecté de nombreux territoires.

*Groupes armés en Colombie: En Colombie, le conflit armé contre l’État dure depuis 50ans. Ce rapport se concentre sur la période ayant suivi la signature de l’accord de paix de 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) afin d’éclairer environnement post-conflt, dans lequel es économies iicites sont imbriquées au sein des dynamques de conflit.Si ces conflits constituent trois cas distincts, ils présentent également des similarités significatives. Dans les cas étudés, l’instabilité est engendrée par l’opposition d’un ou de pusieurs groupes armés à la légitimité de l’État. Des réponses régionales et internationales viennent s’ajouter à la réponse nationale au conflit. Les situations sont toutes marquées par une absence de résolution rapide, et l’instabiité persiste principalement dans les zones situées en dehors des capitales même après une résolution formelle du conflit Ainsi, ces trois cas sont représentatifs d’une instabilité durabe et localisée engendrée par un conflit armé entre l’État et des groupes armés non étatiques. Les zones affectées par ces trois conflits chevauchent des zones où sont établies des économies ilicites.Dans ces stuations, les connexions entre le conflit armé et es marchés illicites évoluent au fi du temps. Les impacts peuvent dépendre du type de marchandise, avec des considérations dfférentes pour l’extraction minière illégale que pour le trafic de drogues. Les marchés illicites évoluent au fil du temps, de même que les personnes d’influence et les bénéficiaires impliqués. Les économies illicites contribuent à la création à long terme d’environnements favorables à l’instabité en prolongeant le conflit et en érodant les réponses gouvernementales au conflit.

À travers des études de cas portant sur le nord du Mozambique, la région du Sahel et la Colombie, ce rapport identifie dix dynamiques qui influencent les économies illicites et les situations de conflit. Ces observations contribuent aux discussions essentielles au sujet des politiques de stabilisation et de médiation des conflits dans ces régions et dans d’autres régons.

Mamadou Ben, SoonniNews🌍

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