La frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie est le site d’une immense concession de gaz naturel appelée « Grand Tortue Ahmeyim » (GTA). C’est l’un des projets énergétiques les plus importants du golfe de Guinée. Les deux États ont décidé de partager les revenus pour éviter tout conflit.
État d’avancement du projet gazier GTA
Kosmos Energy, partenaire de BP dans le secteur du gaz naturel Sénégal-Mauritanie, a annoncé que le développement de la première phase du Grand Tortue Ahmeyim (GTA) s’est achevé à hauteur de 58%. Le site doit être livré en 2023 pour démarrer la production de GNL la même année. Ainsi, l’entreprise s’attend à ce que d’ici à la fin de 2021, la première phase soit achevée à 80%.
Le site produira annuellement près de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié. Ce sera le premier grand projet de liquéfaction de gaz naturel dans le bassin sédimentaire Mauritanie – Sénégal – Gambie – Guinée Bissau – Guinée Conakry. Les ressources intégrales du site GTA sont estimées à près de 15 trillions de pieds cubes.
« Grand Tortue Ahmeyim » livrera du gaz pour l’exportation et approvisionnera les marchés locaux, pour la production électrique, du Sénégal et de la Mauritanie.
Des retards engendrés par la pandémie de la Covid-19
Le développement du site de GTA a été reporté en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19. La production est ainsi prévue pour 2023.
L’épidémie de Covid-19 a gravement affecté le développement continu des projets pétroliers et gaziers et la situation financière des entreprises du secteur. L’impact de la pandémie est que même si l’industrie devrait se redresser légèrement d’ici 2021, certains projets d’exploration et de production ne devraient pas démarrer cette année.
En dépit de cette situation difficile, Sophie Gladima, la ministre sénégalaise du pétrole, a affirmé que le site GTA, qui chevauche les eaux sénégalo-mauritaniennes, commencera la production de gaz en 2023.
Aujourd’hui, le Sénégal se concentre sur le développement des projets pétroliers afin d’atteindre son objectif de démarrer la production en 2023. En effet, la mobilisation de ressources et de personnel, les phases de construction et les installations dans différents endroits du monde, ont été touchées par la crise sanitaire du Covid-19.
Des perspectives liées au gaz
Dans la phase initiale du projet, BP et Kosmos Energy extirperont près de 70 millions de pieds cubes de gaz naturel par jour. Les deux compagnies fabriqueront prés 2,5 millions de tonnes de GNL par année. Les recettes d’exportation de ces carburants seront également réparties équitablement entre les deux États. Le ministre mauritanien du pétrole, des mines et de l’energie, Abdessalem Ould Mohamed Saleh, a affirmé que son pays mise sur les retombées financières du gaz pour renforcer ses ressources budgétaires.
Bien que la plupart de ces produits soient exportés, le Sénégal prévoit d’utiliser sa part de gaz naturel pour produire de l’électricité. Le Sénégal administrera du carburant dans son réseau de production d’électricité, notamment grâce à la technique de production d’électricité au GNL, qui comprend la production d’électricité dans des centrales flottantes au GNL.
Dakar a signé un accord avec le producteur turc Karpower en septembre 2019 pour installer une infrastructure d’une capacité de 235 MW, suffisant pour répondre à 15% de la demande du pays. Après, injectez cette capacité dans le réseau de distribution contrôlé par Senelec, une entreprise publique qui détient la production, le transport et la distribution d’électricité.
En outre, la ministre du pétrole a assuré aux Sénégalais que les revenus du gaz naturel seront utilisés afin de « construire une économie compétitive et interconnectée en réduisant les factures d’électricité, en développant la localisation et l’industrialisation ».
A noter également que Sangomar, le premier projet pétrolier du pays, démarrera également sa production en 2023, et la période de production initiale stable atteindra 75 000 à 100 000 barils par jour.
Finalement, le développement initial de GTA nécessitera un investissement de 4,8 milliards de dollars, tandis que le développement de Sangomar nécessitera 4,2 milliards de dollars, dont 18% seront payés par l’État sénégalais.
Diabel SOW, géographe, analyste géopolitique en territoires et enjeux de pouvoir