LA DÉCENTRALISATION EN CÔTE D’IVOIRE

LA DÉCENTRALISATION EN CÔTE D’IVOIRE

Les politiques d’aménagement centralisées du gouvernement ivoirien ont laissé place à une nouvelle politique de délégation de transfert de compétence aux collectivités territoriales depuis la fin des années 1980.

Le développement local se substitue désormais au modèle de développement « Top-down ». Le territoire ivoirien est devenu ainsi le champ d’opérationnalisation des objectifs globaux de l’État et des aspirations de la population locale. Cette politique d’aménagement du territoire dont l’outil opérationnel est la décentralisation repose sur des objectifs et des enjeux clairement définis. De ces objectifs découlent les missions qui incombent aux collectivités territoriales à savoir :

1) le transfert des compétences de l’État aux collectivités selon le principe de subsidiarité ;

2) une volonté réelle de donner le pouvoir aux populations locales ;

3) la mise en œuvre d’une réforme administrative devant favoriser une gestion participative des affaires locales ;

4) faire des collectivités territoriales de véritables pôles de développement ;

5) la réduction des disparités locales et régionales et enfin ;

6) l’apprentissage de la démocratie, la transparence et la bonne gouvernance.

L’organisation territoriale en Côte d’ivoire qui s’en est suivie laisse apparaître clairement l’ensemble des priorités de l’État. Ces priorités s’articulent autour d’une série d’enjeux à la fois politique, administratif, économique et d’aménagement du territoire.

Au niveau politique, il s’agit pour l’État de permettre aux populations directement concernées de participer concrètement à la gestion des affaires locales et à la prise en main de leur développement mais aussi aux hommes politiques d’accéder à des postes électifs afin d’exercer le pouvoir.

Au niveau administratif, l’État, à travers la décentralisation, cherche à rapprocher l’administration des administrés et la rendre ainsi plus accessible.

D’un point de vue économique il s’agit aussi de promouvoir l’emploi et lutter contre la pauvreté par la promotion d’initiatives locales.

Enfin, en ce qui concerne l’aménagement du territoire, l’enjeu consiste à redistribuer l’activité économique et l’emploi sur toute l’étendue du territoire national en faisant des chefs-lieux de départements et de régions des pôles de développement économique.

La décentralisation fait l’objet de plusieurs définitions. Elle constitue un enjeu fondamental de toute politique de développement local participatif et de toute planification du territoire. Elle se définit comme un mouvement de réforme politique et administrative permettant de céder, en nombre variable et selon différents dosages, des fonctions, des responsabilités, des ressources et des pouvoirs politiques et budgétaires aux échelons inférieurs de l’État, c’est-à-dire aux régions, aux districts, aux municipalités ou aux organes émanant de la décentralisation de l’autorité centrale. Dans les faits, la décentralisation est plus complexe. Elle a pour objectif « de donner aux collectivités locales (régions communes, et communautés rurales) les capacités pour leurs développements économique et social, notamment en renforçant leur autonomie vis-à-vis du pouvoir central et de favoriser, par la même occasion, un système dans lequel les responsabilités sont partagées aussi bien par le pouvoir central que par les populations locales censées être les bénéficières. Elle a aussi un volet économique non négligeable car elle est au cœur d’un mécanisme de transfert financier et d’une volonté d’opérationnalisation des capacités des collectivités locales à faire des choix économiques dépourvus de toute tutelle étatique. Elle n’est donc, en aucun cas, préjudiciable à la stabilité économique des collectivités locales. Toutefois, la décentralisation s’avère être un instrument éminemment politique qui met en avant des arguments relevant de la démocratie, de la bonne gouvernance et la stabilité politique. La décentralisation peut être un facteur de participation et de démocratie. En effet, en mettant une partie importante du pouvoir à proximité du citoyen, elle lui permet de participer à l’exercice effectif du pouvoir, de suivre de près l’exécution des décisions et de voir dans les élus des représentants plutôt que des mandataires. En plus de rapprocher élus et citoyens et de favoriser une plus grande transparence, la décentralisation fait de l’imputabilité ou de l’obligation de rendre des comptes un enjeu plus concret, favorisant ainsi la bonne gouvernance.

En Côte d’Ivoire, les fondements de cette politique de décentralisation reposent sur quatre principes majeurs. Le premier repose sur la communalisation totale du territoire national. Le second sur la création de trois nouveaux types de collectivités territoriales à savoir le Département, le District et la Région. Le troisième relève de l’extension des pouvoirs des collectivités territoriales par transfert de compétences de l’État à ces entités décentralisées.

Le développement des territoires ivoiriens dépend désormais de l’aptitude des acteurs à identifier et à valoriser les ressources, à mettre en œuvre une culture de l’innovation, à susciter les initiatives locales et à faire émerger des porteurs de projets. La politique de décentralisation mise en place, constitue en soi un système de gestion dans lequel des pouvoirs propres sont conférés à une entité distincte de l’administration centrale.

Mamadou Ben

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